Adam\'s Family alias Abou Neil

Adam\'s Family alias Abou Neil

Du rêve à la réalité...

Je fais de la voile depuis longtemps et j'ai toujours rêvé d'avoir mon bateau. Ma femme m'a finalement convaincu cette année de concrétiser ce rêve.

Après avoir rapidement fait le tour du tout petit marché marocain du voilier d'occasion, j'ai vite compris qu'il faudrait aller chercher mon bateau ailleurs.

Me voila donc à surfer sur internet à la recherche du couple (bateau;budget) idéal...

Le cahier des charges était simple : un voilier stable et sûr (car j’ai deux enfants de 7 et 5 ans et demi) pour un budget total (bateau + droits de douane + transport) de 10.000 euros.

Ceci impliquait d'acheter un bateau avec sa remorque donc.

J'ai commencé mes recherches en juin 2008. Très vite, j'ai identifié le type de bateau et très vite (j'ai eu de la chance) j'ai trouvé la perle rare : un Love-Love de 1975, très bien équipé, avec sa remorque freinée, qui navigue sur lac, et qui hiverne à sec ; il est à 150 km au sud de Paris. Ca tombait bien, puisque je devais y aller en vacances en août.

J'appelle le propriétaire, P., surpris de recevoir un appel d'aussi loin pour son bateau.

Rendez-vous est pris et la visite est faite avec un voisin qui connaît bien le bateau car le propriétaire est en vacances en Bretagne à cette période.

Le bateau bien entretenu me convient avec une remorque à double essieux en parfait état. De retour au Maroc, j'appelle P. pour lui confirmer mon intérêt.

Manque de bol, je me casse l'épaule à la fin du mois d'août. La convalescence dure 2 mois. Ce temps est mis à profit pour procéder aux formalités de vente et organiser le voyage ; je découvre qu’il faut avoir le permis E (que je n’ai pas) et puis je n'ai pas d'attelage à ma voiture.

Encore une fois, la chance est de mon côté ; j’avais mis une annonce lorsque je cherchais le bateau et je reçois un appel d’un voileux, M., qui vit entre la Normandie et une petite ville au sud de chez moi au Maroc et qui me propose de m’aider. On commence à échanger par mail et rapidement on trouve un arrangement pour ramener le bateau.

Il a une voiture avec une boule et le permis E. Il doit venir au Maroc en décembre 2008. Sa voiture peut tracter la remorque, mais le code de la route français lui interdit de le faire car l’ensemble pèse tout de même près de 1.700 kg. On louera à Montpellier un camion avec une boule pour le trajet Montpellier-Bourgogne-Sète. M. voyagera ensuite avec le bateau en ferry de Sète jusqu’à Tanger. De là, continuation avec sa voiture jusqu’à Mohammedia à 30 km de Casablanca. Le code de la route marocain est moins strict pour le tractage des remorques.

Tout s’accélère alors : les papiers du bateau et de la remorque sont prêts, le camion est réservé et P. nous attend…

Rendez-vous est pris avec M. un mercredi à Montpellier.

Nous allons chercher le camion, mais là nous avons une mauvaise surprise : il s’agit d’un IVECO avec benne tout neuf, mais la boule est installée sur le châssis, à 70 cm du sol. On n’avait pas pensé à ce détail. Le safran va toucher à l’arrière si on attèle comme ça. Tant pis, le temps est compté car le ferry part le samedi suivant à 19h00. On verra sur place.

Nous allons passer la nuit chez la sœur de M. et son mari qui nous ont très gentiment offert l’hospitalité. Départ le lendemain jeudi à 8h00 du matin pour 700 km de route non stop par les nationales jusqu’à Vichy, puis continuation par les départementales.

On arrive à 15h00 chez P. qui ne travaille pas ce jeudi et qui nous attend. Nous essayons tout de suite l’attelage et nos craintes se confirment : la boule est placée trop haut. Il faut la descendre.

P. nous accompagne au seul garage du coin, un revendeur de machines agricoles, qui veut bien nous bricoler un système de deux plaques identiques de de 40 x 15 cm et de 10 m/m d’épaisseur à fixer en sandwich sur le pare-chocs et sur lequel sera fixée la boule :




Mais dès le 1er essai au démarrage, le pare-chocs de section beaucoup plus faible et qui n’est pas prévu pour ça ploie sous la traction.

Il est déjà 21h00 et nous voilà obligés de passer la nuit en attendant de retourner le lendemain matin au garage. Nous dînons chez P. dont la femme nous a préparé un excellent bœuf bourguignon pour ce soir.

Vendredi matin, nous avons affaire au chef d’atelier qui laisse tomber son travail en cours pour nous préparer lui-même ce qui sera LA solution ; une ferrure de 70 x 20 cm et de 12 m/m d’épaisseur fixée directement sur le châssis à la place originelle de la boule et renforcée par deux cornières soudées de même épaisseur :

Ca tient ! Nous pouvons atteler et prendre la route après avoir dit au revoir à P..

Direction sud à 75 km/h de moyenne ; nous nous arrêtons régulièrement afin de vérifier l’attelage. Nous arrivons sans incident à Montpellier à minuit après exactement 12h00 de route.

Le lendemain matin, samedi, après avoir monté la nouvelle plaque d’immatriculation sur la remorque, nous amenons le bateau jusqu’au parking du ferry à Sète et nous prenons le billet.

Puis retour sur Montpellier à vide pour démonter la ferrure de remorquage, remonter la boule à sa place et ramener le camion au loueur qui n’a rien vu.

Le soir, nous retournons à Sète avec la voiture de M. qui attelle la remorque avant d’embarquer. La Douane et la Police ne posent aucune question.

On s’embrasse et on se dit à dans deux jours puisque le ferry doit arriver le lundi à 9h00 à Tanger.

Je prends l’avion de Marseille dimanche et je rejoins M. à Tanger avec ma voiture lundi matin. Les formalités douanières à Tanger sont plus longues ; les douaniers marocains ont très rarement à faire ce genre d’opération d’entrée sur le territoire de bateaux de plaisance sur remorque et les formulaires ne sont pas disponibles. Il faut attendre que le Chef se déplace en personne pour amener les bons papiers (bleus).

Nous prenons enfin la route et nous arrivons à 23h00 à Mohammedia, sur le terrain de mon beau-frère où je laisse le bateau le temps de le mettre à l’eau.

Bilan de cette épopée :

  • Les femmes font avancer l’humanité plus vite que nous ; le pragmatisme de la mienne en particulier n’est pas une simple vue de l’esprit.
  • J’ai eu de la chance de trouver mon bateau avec remorque à ce prix et j’ai réussi à respecter mon budget en-deçà de mes prévisions.
  • Il faut quand même aimer l’aventure pour tenter ce genre d’expérience.
  • Je présente mes excuses à la société de location pour cette modification temporaire de leur camion.
  • Ca a été une formidable aventure humaine qui m’a permis de rencontrer des gens qui se sont dévoués pour m’aider. La solidarité des gens de la mer n’est pas une légende et elle s’est même confirmée avec des « terriens » en pleine Bourgogne. Qu’ils soient tous remerciés.
Je me suis fait des amis.


08/01/2009
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